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La bombe du CPU

Après quatre ou cinq ans, la mort menace la plupart des machines domestiques. Certains ordinateurs se mettent à mal fonctionner, plantant sans cesse pour un bon jour ne plus allumer du tout. D'autres font des bruits de tondeuse à rendre fou et d'autres encore fonctionnent mais très lentement. Je dirais qu'en juillet 2005, je m'en allais progressivement vers la dernière catégorie, mais qui sait, cela pourrait changer. Afin d'éviter la mort subite du Faucon de Fer, il me fallait rester à l'affût, surveiller le moindre signe de faiblesse et prévenir plutôt que guérir. C'est ce que j'ai fait, plutôt que j'ai tenté de faire, vendredi, 15 juillet 2005.

La machine qui a chaud

Une semaine avant le cataclysme que je vais décrire ici, j'ai commencé à entendre un bruit étrange venant de mon ordinateur. Ça ressemblait au disque dur en train de gratter, mais la diode d'activité sur le boîtier de ma machine n'était pas allumée. J'en conclus donc que c'était le disque dur sur le point de péter ou un ventilateur.

Afin d'éliminer le disque dur des variables, je m'arrangeai pour faire planter Windows, ce qui était facile à cause de cette plaie de ZoomText! J'avais aussi essayé de le mettre en mode veille, mais le bruit cessait. Mais puisque le ventilateur à CPU ralentissait, ce n'était pas un test concluant. Windows ne tarda pas à afficher un écran bleu sous l'effet d'une manipulation bien simple impliquant ZoomText et le disque dur cessa de tourner. Par contre, le bruit inhabituel persista. FIOU! C'était donc simplement un ventilateur. Mais au fond, il aurait peut-être mieux valu que ce soit le disque dur, ça aurait sauvé ma carte mère de façon certaine!

Quelques jours avant le jour fatidique, je découvris que la température de mon processeur pouvait monter à 72 degrés Celsius tandis qu'en 2003, elle était à 56 degrés. Lors du démarrage de la machine, en 2005, il n'y avait aucun bruit suspect et la température du CPU était d'environ 35 degrés. Toutefois, sous Linux, si je démarrais yes > /dev/null pendant un certain temps, pour faire travailler le processeur, la température grimpait au-dessus de 72 degrés! C'était à ce moment que le bruit suspect commençait. De plus, la vitesse de rotation avait chuté à 5000 tours/min tandis qu'elle était entre 5500 tours/min en 2003.

Il se pouvait que la température monte davantage et la machine allait alors devenir de plus en plus lente et finalement instable. Dans le pire cas, cela pouvait même endommager mon processeur et me forcer à le changer, ainsi que la carte mère et la mémoire. La nouvelle machine serait un AMD64 et je voulais bénéficier de Serial ATA pour un maximum de performance. Toutefois, certains contrôleurs Serial ATA ont des difficultés sous Linux, si bien que ce bogue pouvait me faire perdre Linux! Il me fallait donc éviter cela le plus longtemps possible, alors faire survivre le Faucon de Fer était une nécessité. Je prévoyais tenter de nettoyer le ventilateur à CPU, puisque le bogue de température allait dans ce sens plutôt que dans celui du power supply comme en 2003,

Tentative de nettoyage

Vendredi, 15 juillet 2005, j'ai ouvert le boîtier de mon ordinateur afin d'enlever les quatre vis de rétention du ventilateur à CPU. J'eus beaucoup de difficulté, car le tournevis ne faisait que sortir de la vis et cela ne tournait pas. Je finis par avoir les quatre vis, en utilisant un autre tournevis, et le ventilateur put alors se détacher du dissipateur de chaleur. Comme ça, je pourrais nettoyer le ventilateur sans enlever le dissipateur.

J'en profitai pour relever un maximum d'informations au sujet de ce ventilateur, au cas où la seule solution pour faire cesser les bruits de picouille serait de le remplacer. J'espérais pouvoir changer le ventilateur seulement, sans remplacer le dissipateur au complet. D'un côté du ventilateur, je pus lire

FDF EFB0612MMA
12V   0.25A
50mm
tandis que de l'autre, il é inscrit
AMD-ATHLON
30102240
1000 MHz

Avec une guénille mouillée, je m'escrimai à enlever la poussière de chaque palette, cela prit un temps fou et il en restait tout le temps. C'est après que je remarquai la quantité incroyable de poussière dans le dissipateur. Cette poussière pouvait bien bloquer la circulation d'air dans le dispositif et en diminuer son efficacité. Un nettoyage du ventilateur ne serait donc efficace que s'il était accompagné d'un nettoyage du dissipateur. J'essayai avec l'aspirateur, mais j'étais presque certain qu'il en restait. Quelque chose de plus radical s'imposait.

Erreurs fatales

Je finis par me décider à pousser mon idée jusqu'au bout, mais pour ce faire, il me fallait retirer le dissipateur au complet. J'employai pour cela un tournevis plat pour faire bouger la clip de rétention, mais le tournevis ne faisait que glisser, menaçant ma carte mère. Il pouvait en effet graffigner les circuits imprimés et rendre la machine inutilisable. Je finis par réussir à décrocher le dissipateur et, tandis qu'il n'y avait plus de ventilateur attaché après, je le passai sous le robinet! J'évitai autant que possible de mettre de l'eau en-dessous, afin de ne pas retirer la pâte thermoconductrice déjà en place. Cette pâte est essentielle pour le transfert de la chaleur entre le processeur et le dissipateur.

Le dissipateur est une pièce relativement simple, en fait, complètement dépourvue de circuits électriques ou électroniques, à l'exception du ventilateur que j'avais enlevé. Une surface métallique est destiné à être mise à plat sur le processeur et un grand nombre de tiges verticales et parallèles y sont soudées. Ces tiges permettent de répartir la chaleur émise par le processeur qui peut alors être dissipée à l'intérieur du boîtier par le ventilateur. Un autre ventilateur, celui du boîtier ou du bloc d'alimentation, se charge de créer une pression négative qui finit par évacuer l'air chaud provenant du processeur. Mon idée était de tenter d'envoyer de l'eau entre les tiges métalliques du dispositif afin d'en chasser la poussière qui s'y était logée. Cela fut d'une efficacité que très relative et en fait, souffler entre les tiges eut un meilleur résultat. L'idéal pour nettoyer un dissipateur est donc d'envoyer de l'air entre les tiges, pas autre chose. Cela peut même se faire sans décrocher le dissipateur!

Vint ensuite le moment de remettre le dissipateur à sa place. Avant, j'essayai de remettre le ventilateur, mais les vis ne rentraient plus. Elles bloquaient toujours et j'allais devoir attendre d'avoir remis le dissipateur sur le processeur avant d'essayer de nouveau. La clip résista, le tournevis glissa maintes fois, je finis par perdre espoir et demandai à mon père de le poser pour moi. C'était la seule façon d'éviter de perdre ma carte mère. Depuis ce temps, j'ai eu quelques idées pour fixer le dissipateur plus facilement, l'idéal étant une pince spéciale dont je n'ai pas encore totalement conçu la forme et qui n'existe peut-être même pas. Cette pince devrait être recourbée de façon à se loger dans l'emplacement où va actuellement le tournevis plat et à entourer la clip de rétention pour ne pas glisser. Il serait alors possible de manoeuvrer la clip autant que nécessaire, sans problème de stabilité. Toutefois, créer des prototypes ne serait pas trop évident et les tester non plus.

Le ventilateur remis en place et rebranché, j'essayai de serrer les vis, sans succès total. Malgré tout, j'allumai ma machine. Je constatai alors que le ventilateur ne tournait plus! Le démarrage semblait quant à lui plus lent, mais je ne lui donnai pas le temps de finir. J'essayai de faire tourner le ventilateur manuellement et il semblait coincé. Je retirai de nouveau les vis, tentai de les replacer, rien à faire. Je finis par comprendre qu'il était du mauvais côté et les vis entrèrent complètement lorsque je le retournai. Voilà, ça tournait! Toutefois, le ventilateur tournait toujours plus lentement qu'en 2003, si bien que rien ne semblait réglé.

Quelques minutes après que j'aie démarré Windows XP pour jouer à King's Quest VIII, j'eus une très mauvaise surprise: plantage! La machine s'était mise à bipper sans cesse. Je redémarrai, le coeur battant, et constatai que rien ne se passait. Ça bloquait je ne sais plus trop où. J'éteignis la machine, attendis quelques secondes, profitant de ce délai pour calmer ma nervosité croissante, puis rallumai. La température était à 40 degrés Celsius, correct. J'observai le Hardware Monitor, dans le Setup du BIOS, pendant quelques temps, puis constatai que la température ne cessait d'augmenter puis la machine plantait. Bien que le processeur soit à 44 degrés Celsius, ça plantait. Ça ne cessait plus de geler, la machine semblait finie.

Il fallait probablement remettre de la pâte thermoconductrice, telle était ma seule hypothèse de travail, ma seule planche de salut. Si ce n'était pas la solution, il ne me restait qu'à changer de carte mère et la possibilité que cela implique devoir renoncer à Linux à cause de Serial ATA me frustrait tellement que j'avais envie de ne pas racheter de machine du tout! Une nouvelle information vint diminuer la probabilité de succès de ma mesure corrective: il y avait 700Mo de mémoire RAM, plus 768Mo! Le BIOS ne détectait plus la bonne quantité de mémoire. Sans informations additionnelles, la seule hypothèse possible est la défaillance de la carte mère. Toutefois, il y avait un espoir, un très mince espoir...

Avant de faire mes symagrées avec le dissipateur, j'avais aussi tenté de retirer ma carte graphique afin d'enlever un fil qui s'était glissé entre la carte et la carte mère. Probablement que c'était arrivé quand j'avais installé ma mémoire ou mon disque dur, en 2003, opérations qui avaient toutes deux exigé de retirer la carte. C'était un miracle que la machine ait bien fonctionné malgré ça et pendant tout ce temps! Il me fallut retirer deux fois la carte graphique pour réussir, car la première fois, un autre fil alla se coincer! Ce qu'il faut savoir, c'est que la mémoire se trouve très près de la fente AGP; j'ai pu l'accrocher en travaillant dans cette région. La possibilité d'une graffigne sur la carte mère était aussi plus là que jamais, de même que la statique.

Une pièce qui n'existe plus!

Je dus passer une nuit troublée, car il me fallut attendre le lendemain pour obtenir la pâte thermoconductrice, ainsi qu'un nouveau dissipateur de chaleur. Ainsi, j'aurais un nouveau ventilateur à CPU et il ne ferait pas de bruits de picouille comme l'autre. Puisqu'il fallait de toute manière retirer le dissipateur pour remettre la pâte, autant le changer. Ça allait complètement régler le problème et peut-être ressusciter ma machine. Selon la vendeuse, le problème était toutefois plus grave et un changement de carte mère s'imposait, ce qui confirmait bien mes craintes. Malgré tout, j'essayai de tester l'hypothèse de la pâte thermoconductrice. J'allais tenter de remédier au problème de la mémoire plus tard, à moins qu'il ne disparaisse de lui-même. Peut-être était-ce le processeur qui devenait fou, parce qu'il avait trop chaud? Peu probable, mais bon, c'était mon seul espoir.

Encore une fois, je laissai à mon père le soin de poser le truc pour ne pas empirer mon cas déjà désespéré à mon avis. La suppression de Linux et le reformatage de mon nouveau disque dur SATA en NTFS semblaient pour bientôt... À moins de ne plus avoir d'ordinateur chez moi du tout, ce qui nécessiterait de faire tous mes travaux à l'Université de Montréal et éventuellement déménager à Montréal pour être plus proche de mon lieu d'études. Mon père découvrit que le dissipateur que la vendeuse m'avait fourni était plus petit que le précédent, le ventilateur aussi! C'était un dissipateur pour Pentium MMX, AMD K6 et autres petites machines du genre!

Nous l'avons ainsi retourné pour le faire échanger et c'est là que ça devient intéressant: il ne semblait y avoir aucun dissipateur pour Athlon Thunderbird! Il y en a pour les Athlon XP, les Intel P4, mais pas les Thunderbird! La vendeuse a pris un autre dissipateur plus gros et lui a vissé un ventilateur venant de je ne sais où! Le ventilateur n'avait que deux fils plutôt que trois, mais c'était supposé marcher!

Eh bien, ça ne fonctionne pas!

À présent, la machine n'avait plus que 512Mo, ce qui signifiait que la barrette de 256Mo était mal branchée ou endommagée. Il ne restait que celle de 512Mo de l'été 2003. De plus, la vitesse de rotation du nouveau ventilateur, plus silencieux mais avec moins de palettes que l'ancien, était de 0 tours/min. Ce n'était guère étonnant puisque le fil manquant sert justement pour le compte-tours. La machine démarra sous Windows et tout semblait bien aller, à part que c'était lent par moments. J'attribuai cela à l'anti-virus McAfee VirusScan que j'avais installé voilà quelques temps.

Avant toute chose, il me fallait régler le problème de la mémoire. Pour ce faire, je retirai une troisième fois la carte graphique et tentai de retirer puis réinsérer ma barrette de 256Mo. C'était la barrette d'origine, pas celle de 512Mo ajoutée en 2003. Cela n'eut aucun effet. J'essayai ensuite, après avoir retiré la carte graphique une quatrième fois, d'intervertir les deux barrettes afin de savoir si ma barrette de 256Mo était défectueuse ou si c'était la fente sur la carte mère. En cas de défaut de la fente, j'allais tenter d'insérer la barrette dans la troisième fente qui n'avait jamais servi. Toutefois, il était fort possible que la machine refuse de démarrer sans barrette dans la première fente. Heureusement, rien de cela ne fut nécessaire, car miraculeusement, la machine retrouva ses 768Mo!

Je découvris, lors d'un des nombreux démarrages, que ma carte mère Gigabyte 7ZX affichait Check System Health ! plutôt que Check System Health OK comme je croyais avoir déjà vu. Cela ajouta à mon inquiétude grandissante. Ma machine semblait à tel point finie que je ne pourrais même pas récupérer mes données sans brancher le disque dur dans une autre machine.

Je redémarrai sous Linux afin de faire des sauvegardes le plus tôt possible, au cas où en fait, la machine ne fonctionnerait plus jamais bien. Tandis que je copiais des fichiers, le clavier se mit à boguer. De temps en temps, il se mettait à afficher continuellement la même lettre, comme si je maintenais la touche enfoncée. Plus rien ne répondait correctement. Décidément, ma machine allait sauter, pièce par pièce! J'éteignis tout, débranchai le clavier, le rebranchai puis tentai de rallumer. Ça semblait fonctionner, mais mon degré de confiance était très relatif...

Pour accélérer les tests, je tentai de taper yes > /dev/null et laissai le programme tourner pendant un certain temps. Régulièrement, j'utilisais la commande sensors pour voir la température du processeur. Celle-ci monta pour atteindre les soixante-dix degrés puis dépassa la barre des quatre-vingt! Peu de temps après, tandis que je commençais des recherches préventives pour l'achat d'une nouvelle machine, tout gela.

Un sursis plus long

Suite à ce plantage, il était clair que le nouveau dissipateur ne suffisait pas. Mon père et moi tentâmes ainsi de remettre l'original. La pâte thermoconductrice d'origine avait séché et faisait apparemment moins bien son travail. Avec la nouvelle pâte, la machine redevint fonctionnelle! Mon père a aussi tenté de grater la vieille pâte du dissipateur original pour améliorer les chances de succès de l'opération. Le nouveau dissipateur retourna ainsi au magasin et la machine put fonctionner pendant un bon bout de temps sans planter. Je refis le test avec yes et sensors: la température demeura stable.

Le lendemain, j'ai vu que le message de démarrage était redevenu Check System Health OK! Il est fort possible que le test ait échoué, samedi matin, à cause du ventilateur qui ne pouvait pas indiquer sa vitesse de rotation. La carte mère pensait alors qu'il n'y avait pas de ventilateur à CPU. Mieux encore, la température n'est plus remontée à 70 degrés depuis l'intervention. La nouvelle pâte thermoconductrice est donc plus efficace que celle qui se trouvait avant. Il est toutefois possible que sans cette expérimentation, la machine aurait bien fonctionné encore longtemps. À présent, il se pouvait qu'elle plante encore et je passai plusieurs jours à craindre qu'elle ne se mette à biper à l'infini ou ne gèle pour rien. Dans cette optique, je me mis le jour même à imprimer des informations qui pourraient m'être utiles pour sélectionner les pièces d'une nouvelle machine. En effet, tant qu'à changer la carte mère, j'allais changer tout le reste et me construire une bombe.

Je crois que le véritable problème n'était pas la pâte thermoconductrice mais la contact électrique entre la carte mère et la mémoire qui était devenu instable. Le soir du plantage, le contact était intermittent et cela faisait geler la machine périodiquement. C'est la seule explication pour le fait que même quand la température du processeur était à 45 degrés, la machine plantait. Si j'avais pu mettre la pâte thermoconductrice le soir même ou bien changer le dissipateur, il se peut que la machine soit demeurée aussi instable que si je n'avais rien fait. J'aurais alors cru que ma carte mère était finie et je ne serais pas allé plus loin. Le lendemain matin, le contact électrique était stable mais pas complet, si bien que la machine pouvait tourner avec une quantité réduite de mémoire. Jouer avec les puces a alors rétabli la situation.

Cet exemple montre l'importance de la chance et de l'ordre d'occurrence des événements pour le diagnostic d'un PC. C'est triste qu'il en soit ainsi et je ne connais pas vraiment de technique ou d'équipement qui pourraient corriger cette situation d'une façon générale.

Le problème du dissipateur de chaleur

Ce bogue a remis en question ma capacité à monter une machine de A à Z. En effet, je ne suis pas parvenu à réinstaller le dissipateur de chaleur que j'avais enlevé. Pour lever ce doute, il me fallait trouver ce qui avait mal tourné et comment, dans le futur, je pourrais contourner l'obstacle. Bien entendu, toutes ces analyses ne s'appliqueront que pour les dissipateurs AMD Athlon et Intel Pentium 3. Si j'ai à monter un AMD Athlon 64 (probable) ou un Pentium 4, je me retrouverai encore une fois devant un casse-tête. Heureusement, il semble que, dans le cas du Pentium 4, la fixation soit plus simple et moins hasardeuse que l'ancien système. La fixation du AMD Athlon 64 est pas mal semblable à celle du Athlon et du Athlon XP, mais la clip est moins difficile à poser. Elle peut être mise en place sans tournevis plat, car elle n'exerce pas de force tant que le levier de verrouillage n'est pas basculé. J'ai obtenu ces informations sur mechBgon's guide for first-time PC builders.

Le dissipateur pour AMD Athlon et anciens Pentium se présente, comme je l'ai écrit plus tôt, comme une plaque métallique sur laquelle est fixé un grand nombre de tiges parallèles et régulièrement espacées. Ces tiges métalliques conduisent la chaleur et un ventilateur souffle entre elles pour la dissiper. Le problème de ce dispositif réside dans son mécanisme de rétention qui est plutôt difficile à mettre en place. Le mécanisme se présente sous la forme d'une clip métallique ayant approximativement la forme d'un fer à cheval applati. À chaque extrémité se trouve un trou permettant d'accrocher le disopsitif sur des fixations de la carte mère. L'une de ces extrémités est pourvue d'un crochet permettant de la manoeuvrer avec un tournevis plat. Lorsque la clip est correctement fixée, elle agit comme un ressort qui pousse le dissipateur sur le socle à processeur, permettant d'exercer une pression sur ce dernier. Dans le cas de l'AMD, cette pression s'élève à 30 livres!

Pour fixer le dissipateur, il faut d'abord, après avoir appliqué la pâte thermoconductrice, le placer à plat sur le processeur. Il est alors facile de faire entrer la première extrémité de la clip dans la fixation adéquate de la carte mère. Ensuite, c'est là que cela devient intéressant... Pour mettre en place la seconde extrémité de la clip, celle pourvu du crochet, il faut d'abord appliquer une pression vers le bas pour que l'extrémité touche la fixation de la carte mère, puis une pression vers l'extérieur pour légèrement écarter la clip, ce qui permet d'aligner le trou avec la fixation. La clip est difficile à manipuler en raison de sa petite taille et la force relativement élevée qu'il faut appliquer si bien qu'il faut habituellement utiliser un tournevis plat pour réussir l'installation (voir figure 1).

Figure 1: Diagramme montrant la clip pourvue d'un crochet pour tournevis plat

Pendant la manoeuvre, plusieurs bavures peuvent survenir. D'abord, le dissipateur peut glisser d'un côté ou de l'autre et répandre de la pâte thermoconductrice un peu partout. Ce n'est pas très grave puisque la pâte ne conduit pas l'électricité, mais cela nuit à l'esthétique et il peut être nécessaire d'appliquer de la nouvelle pâte sur le processeur si jamais la fausse manoeuvre survient trop de fois avant le succès (ou la mort du processeur...). Pendant la pose, l'extrémité de la clip devra s'approcher très près de la carte mère pour que le trou soit aligné avec la fixation. Très près ne veut pas dire trop près! Si la clip frotte sur la carte mère, cela peut suffire à égratigner des circuits imprimés et rendre la machine inutilisable! Finalement, il se peut que la clip soit bien installée mais que le dissipateur soit croche, ce qui occasionnera l'application d'une force inégale sur le processeur et le fera craquer. Dans ce cas, c'est la mort du processeur. C'était ma pire crainte, car si cela m'était arrivé, il m'aurait fallu changer la machine au complet! En 2005, il n'est plus possible et de toute façon il ne vaut pas la peine de trouver un processeur compatible avec ma carte mère, à moins peut-être de le prendre usagé.

Le gros problème a été, dans mon cas, de manoeuvrer la clip avec le tournevis plat. De la main gauche, craignant une catastrophe, je m'efforçais de tenir le dissipateur en place tandis que de la main droite, je manipulais le tournevis. Je plaçai l'outil dans la cavité en forme de crochet pour bouger la clip et appuyai pour la faire descendre. Ensuite, lorsque je croyais qu'elle avait touché la fixation, je tentais d'induire le mouvement latéral. Cela avait pour effet inévitable de faire sortir le tournevis du crochet de la clip et me valait une bonne frousse. Quoi de pire pour la carte mère qu'un bon coup de tournevis. Cela pouvait l'égratigner, voire même la craqueler. Il est facile d'imaginer le résultat... Au figuré, l'effet pourrait être comme un coup de couteau au coeur! La figure 2 montre le phénomène, les flèches rouges représentant les forces en jeu lors du processus.

Figure 2: La force de pression est dominée par la force latérale si bien que le tournevis cherche à sortir de la cavité

Maintenant, que pourrais-je faire pour empêcher cela? Tout réside dans l'application de forces. La force de pression doit bien entendu être supérieure à la force latérale nécessaire pour écarter la clip. Ma première idée a été d'utiliser mes doigts plutôt que le tournevis pour induire le mouvement latéral (voir figure 3). Le tournevis n'est nécessaire que pour appliquer la force de pression et pour la maintenir suffisamment longtemps pour venir à bout de fixer la clip. Cette technique semble avoir du bon sens, car physiquement, si le tournevis applique seulement une force verticale, il ne peut pas, en principe, quitter la clip! Toutefois, la technique ne garantit plus que le dissipateur ne va pas bouger pendant l'opération, pouvant occasionner le problème de la force inégale.

Figure 3: Le problème semble disparaître si la force latérale n'est plus appliquée par le tournevis

Tous les outils spéciaux que je peux imaginer, et qui n'existent pas nécessairement, se fondent sur cette idée. Par exemple, un tournevis plat modifié pourrait être muni d'une pince capable de retenir la clip. Plutôt qu'une lame plate carrée ou rectangulaire, il serait imaginable d'utiliser une lame en forme de fer à cheval empêchant des mouvements latéraux sur un axe perpendiculaire à celui qui me causait problème.

Depuis le début, seule la pointe du tournevis exerce une force. Si cette force forme un angle trop petit par rapport au plan formé par la carte mère, la clip peut certes finir par bouger latéralement, mais il semble y avoir plus de chance que le tournevis saute du crochet, comme sur la figure 2. La seconde technique que je pourrais essayer consiste alors à faire en sorte que deux forces soient appliquées par le tournevis sur la clip. Pour ce faire, le tournevis plat doit être non pas vertical mais légèrement oblique, incliné non pas vers le dissipateur mais vers l'extérieur. De cette façon, comme l'illustre la figure 4, tandis que la pointe continue de pousser vers le bas et légèrement vers la droite, la force latérale est en partie appliquée par une autre portion de la lame du tournevis! De cette façon, il reste possible de tenir le dissipateur pour éviter qu'il ne bouge pendant la fixation de la clip, mais la technique est plus hasardeuse. La force latérale pourrait encore et toujours dominer la force de pression avant que la clip ne bouge suffisamment, de façon à ce que le tournevis glisse hors de son logement et aille se planter droit dans la carte mère, près du socle à processeur.

Figure 4: Le problème semble disparaître si la force latérale n'est plus appliquée uniquement par la pointe du tournevis

Je n'ai pas encore testé ces idées, car je ne souhaite pas tenter le démon en retirant mon dissipateur après avoir stabilisé ma machine! Ces cogitations montrent bien le problème que pose la fixation du dissipateur et mènent à espérer qu'un jour, AMD adoptera le système des Pentium 4!

Désamorçage définitif

Pendant tout le reste de l'été, tout le mois de septembre et une grande partie d'octobre, le Faucon de Fer continua de fonctionner normalement, à part le ventilateur à CPU qui émettait toujours des sons étranges, appelés «bruits de picouille.» C'était agaçant, mais ça fonctionnait. Il me sembla que les bruits de picouille augmentèrent après l'achat de ma nouvelle carte graphique, ce qui me fit regretter ce choix. Premièrement, j'aurais pu ramasser un nouveau dissipateur de chaleur lors de ma visite chez Microbytes et deuxièmement, à quoi bon mettre la carte graphique d'une machine mourante à jour. Si la machine est pour lâcher dans les mois suivant l'achat, même soixante dollars, c'est trop! La carte graphique AGP n'était pas transférable dans une nouvelle machine, car je planifiais un système PCI Express qui n'aurait pas de fente AGP.

Mercredi après-midi, 19 octobre 2005, j'eus une idée qui s'avéra en fait une des plus destructrices pour ma pauvre machine. Le bruit de picouille de ce ventilateur serait dû à une vibration. Avec le temps, les vis de rétention se seraient désserrées. Mon intervention de juillet a permis de resserrer les vis, ce qui a diminué l'intensité des bruits de picouille. Toutefois, les vis n'étaient pas encore assez serrées. J'ai eu beaucoup de mal à les ôter tandis que pour les remettre, je ne me battis pas beaucoup. Cette théorie, si elle était fondée, me fournissait une solution: resserrer les foutues vis ou demander à mon père de trouver un moyen de les serrer comme il faut! Peut-être disposerait-il d'un outil plus approprié, un tournevis de la bonne taille, que je n'aurais pas trouvé.

Pour tester cette nouvelle théorie, j'ouvris le panneau latéral de la tour de ma machine en marche et tentai, avec précaution, d'appuyer légèrement sur un coin du ventilateur en train de faire des bruits de picouille. Je dus pour cette opération risquée m'installer une lumière pour bien voir où je mettais mes doigts. Une lampe de lecture de soixante watts que j'avais depuis quelques temps s'avéra parfaite. Malheureusement, ma théorie ne se vérifia pas, car appuyer ne faisait pas varier le bruit à tout coup. Je tentai d'appuyer sur deux coins à la fois, pas trop fort bien entendu pour ne pas engendrer une force inégale sur le processeur et le faire craquer!

Il fallut finalement que j'accroche les palettes du ventilateur avec mon doigt. Cela eut un effet catastrophique. D'abord, il y eut un claquement sec qui, si j'avais eu soixante ans, aurait pu suffire à me faire frôler la crise cardiaque! Je crus d'abord que le dissipateur de chaleur s'était décroché et que le processeur, grillé, était dès lors inutilisable. Le bruit de tondeuse qu'émettait dès lors le ventilateur faisait croire qu'il était tombé et que les palettes se cognaient contre quelque chose dans la machine. J'éteignis tout en catastrophe et constatai avec soulagement que le ventilateur était toujours à sa place. La machine pouvait donc encore fonctionner!

Morale de l'histoire: ne jamais travailler dans une machine en marche! Mais ça, je le savais déjà. Je n'aurais pas dû faire ce stupide test! Coût de l'erreur: beaucoup de stress! Mais je sais qu'il est minime; ça aurait pu me coûter la machine au complet!

Je constatai qu'une palette du ventilateur était partie. Il est inquiétant de savoir que jamais je ne retrouvai cette palette. Elle pouvait être n'importe où, aussi simple que ça. Heureusement, puisqu'elle était en plastique et non en métal, elle ne pouvait pas conduire l'électricité. Elle ne provoquerait donc pas de court-circuit sur la carte mère.

J'essayai de rallumer la machine et constatai que le ventilateur émettait désormais un affreux bruit de tondeuse. J'éteignis tout et dévissai le ventilateur endommagé afin de tenter de retrouver la palette peut-être coincée dedans. J'eus de la misère noire avec une des quatre vis qui nécessita au moins dix minutes de gossage acharné. Je dus, pour réussir, essayer avec plusieurs tournevis Philipps et, avec le plus approprié, tourner très très lentement pour que la vis daigne bouger. En juillet, j'eus de la misère semblable avec les quatre vis, mais il me semble que cette nouvelle fois, c'était plus difficile encore. Probablement que la rouille a commencé à attaquer les filets, ce qui rend le dévissage pas mal ardu. Dire que les mécaniciens doivent rencontrer bien pire encore!

Je ne parvins toujours pas à retrouver la palette perdue si bien que je ne pus résoudre le problème du bruit de tondeuse. J'ai tenté de faire fonctionner le ventilateur sans le coller sur le dissipateur de chaleur et j'ai constaté qu'il émettait un bruit normal. Il vibrait beaucoup, plus que je ne le croyais. Ma théorie des vibrations était donc partiellement vraie!

Je tentai ensuite de poser le ventilateur sur le dissipateur sans le fixer puis allumai la machine. Le ventilateur vibra et sauta de sa position, les palettes allant se coincer je ne sais plus où. J'éteignis tout au plus sacrant, espérant éviter un massacre. Il n'y eut aucune conséquence désastreuse pour cette erreur additionnelle.

Puisque tous les tests que je pouvais imaginer risquaient uniquement d'empirer la situation, jusqu'au point de non retour où la machine n'allumerait plus, je revissai le ventilateur, vérifiai si tout allumait toujours, puis refermai mon boîtier. Je rallumai la machine, fis un test de stabilité comme l'été dernier et constatai avec soulagement qu'au moins, la température du processeur demeurait stable. Toutefois, la machine émettait un bruit de tondeuse et vibrait de façon anormale. La vibration passait par le ventilateur, le dissipateur de chaleur, la carte mère, le boîtier puis je la sentais sur ma tablette à clavier! Pas très fort mais assez pour inquiéter. Le son était très inquiétant, lui aussi, et tout donnait à croire qu'une catastrophe s'en venait.

Soit le ventilateur, qui visiblement forçait pour rien, finirait par s'arrêter bien net, soit les vibrations affecteraient la fixation du dissipateur de chaleur et il se décrocherait! Dans le premier cas, soit la machine finirait par planter et rien de plus, soit le processeur grillerait et tout serait fini. Dans le pire cas, bien entendu, le processeur grillerait, encore une fois. Néanmoins, la machine fonctionna ainsi pendant quelques heures. J'utilisai même mon synthoniseur TV jeudi soir.

Il fallait faire quelque chose, car ce bruit me tapait sur les nerfs et suscitait beaucoup d'anxiété en moi. J'eus beaucoup de mal à dormir pendant la nuit de mercredi à jeudi, ne pouvant me résoudre à devoir changer tout mon ordinateur pour un simple ventilateur. Je pensai beaucoup à comment j'allais procéder pour changer le dissipateur, craignant que mes théories exposées dans la section précédentes ne servent à rien.

Jeudi soir, 20 octobre 2005, j'allai chercher le nouveau dissipateur de chaleur. Cette fois-ci, je savais quoi faire: prendre un dissipateur d'Athlon XP. Le magasin où j'avais tenté d'acheter la composante l'été dernier étant désormais en faillite, j'en essayai un autre à Chambly. J'obtins juste ce qu'il fallut, avec une seringue de pâte thermoconductrice grise de haute qualité.

Avnat d'opérer la machine, je m'efforçai de me préparer mentalement à un désastre. Il me fallait me résigner à risquer ma machine pour apprendre à installer ce foutu dissipateur. Si je ne le faisais pas, je risquais de ressentir une crainte à chaque nouvelle manipulation matérielle à faire dans une machine. Au pire, j'aurais une nouvelle machine, plus rapide et surtout, fonctionnelle sous Linux. Oui, il y avait encore moyen de bâtir un système satisfaisant cette contrainte. Bien entendu, je n'aurais pas raisonné comme cela si j'avais eu un ordinateur dernier cri. Mais une machine dernier cri n'aurait pas souffert de ce problème de ventilateur, sinon elle serait retournée au magasin.

Je ne tentai pas l'opération jeudi soir, car je craignais ne pas réussir, manquer de temps et mal dormir une seconde nuit. Deux nuits d'insomnie consécutives risquaient de me rendre malade, ce qui bien entendu était à éviter.

Le lendemain soir, j'ouvrais mon boîtier pour tenter le remplacement. Tout d'abord, j'enfilai mon bracelet anti-statique acheté juste avant ma mise à jour de carte graphique pour éviter une défaillance stupide et quasi-inexplicable de la carte mère, puis je me mis à zigonner au tournevis plat pour débarquer l'ancien dissipateur. Il me fallut deux ou trois tentatives dans le sens de la seconde théorie de la section précédente pour réussir. Toutefois, je ne pouvais pas incliner le tournevis autant que je voulais, le bloc d'alimentation me bloquant la voie. Il ne fut pas nécessaire de le dévisser de là pour mener mon opération à bien, quoique j'y songeai à quelques reprises.

C'est ensuite que le fun commença. La clip du nouveau dissipateur avait, d'un côté, un crochet apparemment pour tournevis et de l'autre, une cavité apparemment aussi pour tournevis. Le crochet était plus petit que celui sur mon ancienne clip, mais la cavité semblait une amélioration notable. Enfin, le tournevis ne risquerait plus de glisser et de frapper la carte mère. Toutefois, le trou était trop petit! J'essayai toutes sortes de tournevis plats, mais aucun, je dis bien aucun, n'entra dans la cavité. Le tournevis permettant de serrer mes vis de lunettes aurait peut-être réussi à faire le travail, mais je ne le trouvai jamais! Je tentai donc avec le côté du crochet, mais cela ne fonctionnait pas du tout. On aurait dit que la clip était trop longue.

Je finis par comprendre que le dissipateur ne se posait que dans un sens. La surface métallique en contact avec le processeur n'est pas totalement plate; il y a une partie surélevée sur un des côtés de la clip. En retournant le dissipateur dans le bon sens, l'extrémité de la clip avec crochet était du côté où il y avait beaucoup trop de composantes de carte mère pour risquer trop de coups de tournevis. Du côté où je gossais, il n'y avait qu'une petite partie de carte mère, peut-être même aucun circuit imprimé.

Même du bon côté, ça ne fonctionnait pas du tout. Je passai au moins une demi-heure à essayer et à pester sans succès. Le tournevis entrait seulement partiellement dans la cavité et menaçait toujours de glisser. Il semblait qu'il me serait impossible de fixer ce dissipateur à mon processeur. Pourtant, les dimensions physiques correspondaient. Il était de la même longueur et la même largeur, contrairement à celui acheté l'été dernier. Au fur et à mesure que frustration et sentiment d'impuissance montaient en moi, j'envisageais de plus en plus apporter ma machine au magasin pour qu'on teste différents dissipateurs jusqu'à trouver le bon.

Je finis, peut-être avec un peu de chance, par l'avoir! Pour parvenir à mon objectif, j'ai dû d'abord insérer la clip avec crochet dans la fixation centrale inférieure du socket A. J'ai ensuite mis le dissipateur à plat sur le processeur, puis j'ai glissé le tournevis plat dans la cavité. J'essayai ensuite d'abaisser l'ouverture de la clip au niveau de la fixation centrale supérieure du socket A. Le mouvement latéral exposé dans mes théories ne fut pas nécessaire. Je crois que la clip est recourbée aux extrémités de façon à faciliter son installation, contrairement à la clip précédente. Si la clip n'entrait pas, je tentais de tourner légèrement le dissipateur et, finalement, peut-être par miracle mais bon, la clip entra et tout tint en place! Chaque fois que je devais déplacer le dissipateur, il me fallait remonter la clip de façon à ce qu'elle ne graffigne pas la carte mère. Toutefois, trop remonter la clip faisait perdre prise au tournevis; il fallait alors tout recommencer.

Bien entendu, pendant l'opération, il faut absolument que le dissipateur reste en contact avec les quatre coussinets de caoutchouc du processeur. Si le dissipateur est assez croche pour ne pas toucher à ces coussinets pendant que la clip est manipulée, il est possible qu'une force inégale soit appliquée sur la puce; c'est alors la mort de la machine. Ces coussinets sont la seule protection contre ce problème. Il est dommage qu'AMD n'ait pas adopté un design semblable à Intel pour les nouveaux dissipateurs de chaleur, car ce design évite complètement le problème de force inégale.

Ok, voilà que le dissipateur s'ajustait à mon socle à processeur. Il restait maintenant à remettre de la pâte thermoconductrice pour que le transfert de chaleur se fasse correctement. Je dus ainsi enlever le dissipateur installé à la sueur de mon front et j'eus encore de la misère noire. Le tournevis ne voulait pas s'accrocher dans la cavité et ne cessait de glisser à côté. Je ne sais plus exactement comment, mais un moment donné, je réussis à le décrocher.

J'examinai ensuite le processeur, tentant de savoir où appliquer la pâte. Je remarquai les quatre petits coussinets mous dont je connaissais l'existence seulement en théorie jusque-là et un carré métallique au centre. Il ne semblait plus y avoir de pâte nulle part. Pour tester le débit de la seringue et bien voir ce que je faisais, je commençai par appliquer la pâte au centre du dissipateur. Je ne mis de la pâte que dans une zone circulaire au centre de la surface métallique, correspondant approximativement au carré métallique sur le processeur. La substance grise ressemblait à de la pâte à modeler que j'étendis avec mon doigt, comme recommandé par le vendeur. J'appliquai un peu de pâte sur le processeur et la répartis un peu partout, incluant le carré métallique. Sachant que la pâte n'est pas électroconductrice, en mettre au mauvais endroit n'est pas un gros drame. Il est possible qu'en fait, seul le carré métallique ait besoin de la pâte, mais je ne voulais pas avoir à rectifier et ôter une nouvelle fois le dissipateur.

Je remis ensuite le dissipateur en place, m'efforçant de ne pas trop le faire bouger. La pression de trente livres aida sans doute à homogénéiser la couche de pâte et crever les bulles d'air. Le fait que j'aie choisi de la pâte de bonne qualité a possiblement contribué au succès de mon opération, car je ne pouvais être certain de l'avoir étendue au bon endroit et parfaitement uniformément. Je dus tasser le dissipateur de quelques millimètres afin que la clip supérieure, celle près de mon bloc d'alimentation, entre dans la fixation sur le socle. Enfin, ce fut fait!

Je branchai le ventilateur dans ma carte mère, me préparai au pire puis mis le tout sous tension. D'abord, je crus que tout allait planter puis je vis avec soulagement l'écran du BIOS. Je vérifiai que le température du processeur demeurait stable puis remis ma tour sous mon bureau. J'allumai ma machine sous Linux et vérifiai que tout était toujours stable. Sans activer CPU, tout était beau. Je dus l'éteindre encore une fois pour repasser mes fils de clavier et de souris correctement, car ils s'étaient entremêlés en arrière de la tour. Je fis ensuite un nouveau test de stabilité: pendant une heure, avec une intensité de travail maximale, le processeur ne chauffa pas plus que 53 degrés! J'avais donc réussi!

Pendant quelques temps, je craignis que la dilatation thermique ne fasse tomber mon dissipateur pendant une nuit et que je ne m'en rende pas compte. Cette crainte me cause un peu de mal à m'endormir la nuit suivant l'intervention, mais je parvins malgré tout à trouver le sommeil. Pendant plusieurs semaines suivant l'intervention, chaque petit bruit que j'entendais dans ma chambre suscitait la crainte; cela pouvait être le dissipateur en train de se décrocher lentement. Je craignis aussi pour l'efficacité de mon interface thermoconductrice: peut-être que l'efficacité de la pâte diminuerait avec le temps et si je n'en avais pas mis assez au bon endroit, cela cesserait de bien fonctionner. Mais rien de cela ne se produisit.

Ainsi, la bombe du CPU n'était plus un problème pour le Faucon de Fer. La machine allait pouvoir fonctionner encore des mois, voire des années, et remplacer la machine familiale lorsque l'autre serait morte et que j'aurais une nouvelle machine plus puissante. Bien entendu, il était bien possible qu'autre chose brise dans la machine ou qu'un bon jour, sans aucune raison, elle n'allume plus. Cela peut toujours arriver, même avec une machine neuve... Heureusement, dans ce dernier cas, il y a la garantie.